Une romance tenace voudrait faire de l'impressionnisme un pur esprit uniquement préoccupé de renouveler les lois de l'esthétique. Rien de plus faux, nous assène Richard Brettell, professeur à l'université de Dallas, dans son introduction à cette exposition. L'impressionnisme fut le champion d'un «marketing» qui a configuré le marché de l'art en tissant des réseaux modernes, au travers de journalistes, de marchands, comme Paul Durand-Ruel, et de collectionneurs du monde entier.
Ces artistes irréductibles sont les ancêtres d'un Jeff Koons. Ne pouvant espérer de débouché dans les musées et les académies, ils se tournèrent vers la nouvelle bourgeoisie. Gustave Caillebotte prit les affaires en mains dès la troisième exposition du groupe, orientant la production de ses amis, à prix raisonnables, vers les occupants des nouveaux boulevards, qu'il dépeignait dans ses propres paysages. Cette politique exprimait à merveille l'individualisme farouche de ces jeunes peintres. Pour la première fois, l'amateur n'achetait pas une œuvre, mais un nom : un Cézanne, un Monet, un Degas… Et lui-même devenait un nom, puisque son identité était dévoilée dans les magazines. «Quand Monet meurt en 1926, la plupart des œuvres impressionnistes majeures se trouvent ainsi chez des particuliers du monde entier», note l'historien dans le catalogue.
Pépites. Ce constat sert de prétexte ténu à cette exposition originale, qui emprunte une centaine de tableau