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Marché

La Chine, atelier de la contrefaçon

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Tradition devenue industrie, la copie d’œuvres y gangrène tout le monde de l’art, du marché aux musées.
A Dafen, un village au sud de Shenzhen en Chine,en juin 2007. (Photo Reuters)
publié le 27 mars 2014 à 17h06

«Da yan le» («Je me suis fait taper l'œil»). C'est avec cette expression consacrée, cinglante comme un coup de fouet, qu'on dit en chinois «Je me suis fait avoir en achetant une œuvre d'art contrefaite». Le faux dans l'art est presque aussi ancien que la Chine où, depuis l'époque des lointaines dynasties, les grands peintres se sont fait la main en recopiant les œuvres de leurs pairs. Zhang Daqian (1899-1983), l'un des plus prodigieux peintres du XXe siècle, était aussi un célèbre maître faussaire. Tel un Yangtsé en crue, le faux inonde plus que jamais le marché de l'art chinois. Un simple exemple : plus de 18 000 tableaux distincts du célèbre peintre Qi Baishi (1864-1957) ont été mis aux enchères en Chine de 1993 à  2013, selon les chiffres communiqués par les sociétés de vente du pays. Bien évidemment, Qi Baishi n'a jamais peint autant. Han Meilin, un maître du pinceau contemporain, racontait dernièrement à l'agence de presse Chine nouvelle qu'il devait souvent offrir des peintures ou peindre de nouvelles œuvres qu'il destinait à des personnes qui avaient acquis aux enchères de faux tableaux de lui, afin qu'ils cessent de l'importuner en lui demandant avec insistance une compensation.

Tentation. Guère étonnant que les autorités aient, de 2008 à 2011, supprimé ou suspendu les licences de 150 sociétés de vente aux enchères d'œuvres d'art - le plus souvent parce qu'elles avaient vendu des contrefaçons. Un exper