Clare McAndrew, professeur en économie culturelle à l’université de Dublin, signe le rapport annuel le plus sérieux sur l’état du marché de l’art.
Pourquoi assiste-t-on à une remontée spectaculaire des Etats-Unis ?
La richesse est concentrée en Amérique : 42% des millionnaires dans le monde y vivent, 7% en France, 5% au Royaume-Uni, 4% en Chine… En même temps, c’est une plateforme de ventes, un foyer ouvert. Beaucoup de Chinois, de Mexicains ou de Russes viennent acheter à New York. C’est un pays qui combine beaucoup d’avantages : une liberté du marché, des facilités de mouvement, une classe moyenne aisée et des équipements culturels qui soutiennent le tout. Près de 60% de ce marché américain est désormais consacré à l’art contemporain, qui obtient les prix les plus retentissants.
Cet effet profite-t-il à tous les artistes ?
Au contraire, il y a une concentration extrême de la richesse sur une vingtaine de noms, pas plus.
Le monde de l’art est-il en voie de starisation, comme le sport ou le cinéma ?
En quelque sorte. C’est pourquoi il faudrait songer à réformer le droit de suite (1), qui profite à des gens déjà très riches, plutôt que d’aller soutenir des artistes qui en ont vraiment besoin.
Comment expliquer la volatilité du marché de l’art en Chine ?
Le climat est difficile. On pourrait dire que la Chine est victime de son propre succès. La moitié des lots proposés aux enchères ne trouvent pas preneur. Les biens sont dans l'ensemble de faible qualité, ou même douteux : il y a des problèmes récurrents de provenance et de faux (lire page suivante). Vous soulignez le problème des impayés, mais il faut comprendre que la culture n'y est pas la même. La règle veut que les lots adjugés soient payés dans les six mois, or ce