Tout ce qui brille n'est pas d'or. 385 millions d'euros échangés en une seule soirée chez Christie's à New York. Un triptyque de Bacon dépassant les 100 millions d'euros, un diamant rose à 60 millions, un Pollock de 1948 à 42 millions, un Bouddha en bronze doré du XVe siècle à 17 millions… A première vue, à coups d'enchères spectaculaires, le marché de l'art semble ignorer les difficultés du monde. Il n'en a pas fallu davantage pour que les médias répercutent des déclarations péremptoires, proclamant que ce négoce avait «dépassé la crise», voire qu'il en serait comme par enchantement «déconnecté» - ce qui est contredit par les professionnels -, «la Chine caracolant en tête» - ce qui est contredit par les chiffres. Le but des commerciaux qui répandent ces interprétations est simple : valoriser leur propre existence. Il faut bien que les médias aient une utilité…
Tout n'est pas faux néanmoins, dans ce jeu d'ombres. A Maastricht, aux Pays-Bas, où s'est terminée dimanche une des grand-messes du milieu, après un passage difficile, les antiquaires ont poussé un soupir de soulagement, grâce aux achats contractés par les clients venus d'Amérique et de Chine. Significativement, le plus beau succès de la foire est la vente à un amateur chinois d'un plat, décoré d'un dragon sur fond bleu cobalt de la dynastie mongole des Yuan (1279-1368), présenté par une galerie de Hongkong. Il n'en existe que trois de cette t