La pièce est remplie d'un étrange bourdonnement fluctuant. Il provient des vibrations d'un fil de cuivre enroulé de quatre kilomètres de long, formant quatre antennes qui résonnent en sympathie avec les ondes cosmiques, ces flots de particules qui proviennent de l'espace. L'ambiance surnaturelle est renforcée par la vidéo vaporeuse qui fait apparaître, telle une hallucination nocturne, une ville fantôme aux pieds des Blue Mountains en Australie, où résident Joyce Hinterding et David Haines, les deux artistes auteurs de l'installation Two Works for Wilhelm Reich présentée à La Panacée, centre d'art contemporain à Montpellier. «Ce que vous entendez, c'est l'activité solaire, le bruit de fond de la voie lactée, explique David Haines. Ces sons liminaux très basses fréquences [Very Low Frequency, VLF, ndlr] ne sont normalement pas audibles par l'oreille humaine, ce sont des vibrations qui nécessitent une traduction.» Les artistes donnent à entendre cette radio naturelle terrestre dans un environnement de plus en plus saturé par les ondes d'origine artificielle.
Entamée au début du XXe siècle avec la première transmission transatlantique du télégraphe sans fil en 1901, la colonisation et l'industrialisation du spectre électromagnétique se sont accélérées à l'ère du wireless et de l'informatique en nuage. Notre corps baigne désormais dans une symphonie discordante de champs magnétiques émis par nos gadgets électroniques, depuis