Au printemps 1814, entré dans Paris en vainqueur de Napoléon, le tsar Alexandre vient rendre hommage à la première épouse de l'empereur déchu, Joséphine. Sensible à «sa douceur», il vient la voir au parc de Malmaison, où sa garde cosaque avait établi ses quartiers. Joséphine prend alors froid. En moins de trois semaines, elle est emportée par une pneumonie, quelques semaines avant de fêter son 51e anniversaire.
La France aurait pu commémorer le bicentenaire de sa mort, mais elle semble avoir toujours du mal à lui rendre hommage. En témoigne la déception au musée du Luxembourg devant une collection de souvenirs dans un espace bien mince pour un tel destin : des portraits et documents, un guéridon, son écrin à bijoux, un extravagant fauteuil décoré de cygnes, une paire de glacières en Sèvres, deux pièces du couvert impérial en vermeil, la corbeille de mariage, une harpe, une ombrelle, un vase grec, deux paires de chaussures…
Il y a cinq ans, au Grand Palais, la mise en scène de Robert Carsen avait permis d'évoquer Marie-Antoinette. Plus riche, plus influente aussi, la personnalité de Joséphine se serait encore davantage prêtée à une telle démonstration. Comme le note l'historien de l'art Jean-Dominique Augarde (1), les études de ces dernières années ont complété l'image d'une femme que le mythe aurait voulu réduire à sa vie amoureuse et à la prodigalité de ses toilettes : «Joséphine s'intéressa aux beaux-arts, à la botanique et aux sciences naturelles, et