A«l'Illusion des lumières», on voit trois toiles de General Idea intitulées White Aids (1993). Blanches, ou presque. De très près, selon l'angle, on distingue sur chacune les quatre lettres du mots «aids». AA Bronson, seul survivant du trio canadien, était là pour l'inauguration de l'exposition, avec une belle barbe blanche et un compagnon à la barbe plus longue et plus blanche encore. Si la lumière est un truc de vie, de mort et de passage, alors AA Bronson, témoin de la disparition de ses compagnons, morts du sida en 1994, est un sujet d'interview rêvé.
A vos yeux, comment la série des White Aids s’insère-t-elle dans l’exposition du Palazzo Grassi ?
C’est ce que je me demandais en la visitant, hier après-midi. D’un côté, c’est parfait, parce que c’est sur une sorte de manque, de perte, sur l’invisible, le fait qu’on puisse à peine distinguer le lettrage blanc sur blanc, cela fait écho à la pièce aveuglante de Doug Wheeler qui ouvre l’expo. Il y a un rapport visuel. Mais, d’un autre côté, l’impact politique de l’œuvre est peut-être perdu dans cet environnement, même si elle est superbement installée et mise en lumière. Ceci dit, c’est peut-être aussi dû au contexte général actuel. Je sais que ce n’était pas leur intention, de diminuer la charge politique… C’est sans doute inévitable.
Si on suppose que l’exposition questionne la mort, plutôt que la lumière dans son utilisation formelle, ça marche mieux…
Oui, c'est une œuvre dont le formalisme n'est qu'apparent, comme un déguisement. Les White Aids font partie de nos toutes dernières peintures. Nous savions que Felix [Partz] allait mourir. La plupart ont été faites avant que Jorge [Zontal] et lui ne soient diagnostiqués, mai