Le décès de Richard Artschwager, pendant la première étape de cette rétrospective itinérante (au Whitney Museum, à New York début 2013), n’aura donc pas mis un point final à l’aventure. C’est d’ailleurs orné d’un majestueux point d’exclamation qu’elle débarque à Monaco. Pour cause: l’art protéiforme et surprenant d’Artschwager n’a rien perdu de sa fraîcheur, ni de son efficacité. En témoignent les BLPs (prononcer « bilps »), ces drôles de signes de ponctuation noirs étirés à l’extrême qu’il introduisit en 1968 directement dans l’espace, comme des interjections lancées à la face du public.
Réactivés ici, ils stigmatisent énigmatiquement le musée lui-même, mais aussi tout un parcours très lifestyle dans la Principauté, du Casino aux Thermes marins, en passant par le Buddha Bar et le Café de Paris. Il va falloir s’en accommoder, avec ses BLPs, Artschwager nous adresse désormais ses messages d’outre-tombe.
Il a toujours fait preuve d’une étonnante maturité, du reste, réalisant par exemple sa première exposition personnelle à 40 ans passés (après avoir, selon la légende, adressé au galeriste Léo Castelli une simple enveloppe contenant quelques diapositives de ses œuvres). En 1965, son irruption dans le monde de l’art new-yorkais ne passe déjà pas inaperçue: sa synthèse des trois plus prometteurs mouvements artistiques de la décennie, pop, minimalisme et conceptuel, est non seulement audacieuse, voire improbable, elle est surtout d’une irréductible singularité.
Seul un fils d’immigré