Artaud est le dernier des tournesols de Van Gogh. Crâne absent de tout bouquet, volcanique et souffrant, ses nerfs suivent le soleil du fond du cratère, à toute heure du jour et de la nuit, jusqu'au bout féroce Phaéton. Vers la fin, entre 1946 et 1948, tandis qu'il est à la maison de santé d'Ivry, l'écrivain produit de sa meilleure huile : la conférence du Vieux Colombier, Pour en finir avec le jugement de Dieu, Suppôts et supplications («Le succube qui épousa mes couilles la nuit dernière n'était pas un démon, c'était un prêtre catholique romain, qui achevait de transpirer son vin de messe», c'est tout de même mieux que la machine à célébrer deux papes canonisés), les Tarahumaras, et, bien sûr, ce grand texte bref d'un écrivain sur un peintre : Van Gogh le suicidé de la société. Suivez le fou et son livre, ils servent de guide aux huit salles de l'exposition d'Orsay - trois quarts Van Gogh, un quart Artaud.
Il y a trop de foule devant la centaine de tableaux et dessins venus d'Amsterdam, d'Otterlo, des Etats-Unis, de collections particulières, et naturellement, comme le Docteur Gachet, la Chambre de Van Gogh à Arles ou l' Eglise d'Auvers-sur-Oise, du musée lui-même. Artaud a pu en voir certains, en a vu d'autres qui sont absents. Ce qui les assemble est un parcours un peu semblable à celui qu'il fit en 1947, lorsqu'il visita l'exposition Van Gogh de l'Orangerie. Ce sont aussi les derniers moments de la v