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Des ectoplasmes dans le cloud

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A Paris, l’exposition «Média Médiums» fait le lien entre l’essor des télécommunications depuis le XIXe siècle et le spiritisme qui se perpétue dans les technologies actuelles.
Extrait de la performance de Vincent Epplay, «Spectrophonie - Esprit des ondes et des signaux électromagnétiques». (Photo Vincent Epplay )
publié le 15 mai 2014 à 18h06

Depuis leur avènement au milieu du XIXe siècle, chaque introduction d'une nouvelle technologie de télécommunication charrie son lot de fantômes, tapis dans le bruit des fréquences radio, la sonnerie d'un téléphone, la neige des téléviseurs ou le cyberespace, cette «hallucination consensuelle» telle que la définit William Gibson. Des capacités irrationnelles et paranormales sont régulièrement associées aux nouvelles technologies, les "médias" assumant un rôle longtemps dévolu aux "médiums" humains, intermédiaires avec les esprits.

«Média Médiums» est précisément l'intitulé du projet de recherche réalisé dans le cadre du Labex Arts-H2H, laboratoire d'excellence des arts et médiations humaines, une collaboration entre l'Ecole nationale d'arts de Paris-Cergy (Val-d'Oise), l'université Paris-VIII, les Archives nationales et le laboratoire de recherche des Arts déco de Paris. Cette relation étrange et persistante entre l'histoire de la transmission à distance et le paranormal a été largement explorée côté anglo-saxon, notamment par Erik Davis, auteur de Techgnosis, Myth, Magic and Mysticism in the Age of Information (1998) ou aussi par Jeffrey Sconce (1), dans son livre de référence non traduit Haunted Media (2003), consacré à la «présence électronique».

Le sujet est plus rarement abordé dans le monde francophone, et notamment au sein de l'université, où «s'intéresser à l'occulte reste un tabou»,<