Voici aujourd’hui qu’à 94 ans et tout de noir vêtu, comme à l’accoutumée, Pierre Soulages s’apprête à accueillir du haut de son mètre quatre-vingt-dix le président François Hollande. Le chef de l’Etat est attendu à Rodez pour inaugurer le musée Soulages, où l’artiste a passé les dernières semaines à peaufiner l’accrochage. Pour dire vrai, au fil des décennies, le peintre a répondu par la négative à plus d’une sollicitation. Il s’est rallié à Rodez non pas tant parce qu’il est né dans cette cité, dont il a gardé le souvenir des petits artisans, dans des ruelles disparues. Ou d’une ombre qui l’intriguait sur un mur, en route vers l’école, nourrissant plus tard sa réflexion sur la découpe et la diffusion de la lumière. Il a du reste coutume de dire : «Mon lieu de naissance n’est pas Rodez, c’est la peinture.» Ces derniers jours, un peu plus conciliant : «J’ai deux lieux de naissance, Rodez et la peinture.»
La raison du musée Soulages, il faut d'abord aller la chercher à 40 kilomètres de là, à Conques, où Pierre Soulages a posé ses vitraux sur l'église abbatiale il y a vingt ans (lire ci-contre). L'idée première du musée était de déposer et exploiter les 95 cartons (1) ayant servi à leur réalisation, ainsi que les notes, dessins ou essais de verre liés à cette commande publique. Dans un second temps, l'artiste a accepté d'y ajouter son œuvre graphique : outre une centaine de peintures sur papier (2), il a donné la série intégrale