Enfin une architecture qui est un musée et un musée architecture. On s’est assez plaint, jusque dans ces colonnes, de ces gestes autocratiques qui sont tout sauf des musées, dans la lignée du bâtiment de Frank Gehry à Bilbao. A Rodez, la petite bande d’architectes catalans dans la veine écolo-japonaise appelée RCR (pour Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramón Vilalta) a réussi un beau triplé : projeter un art brut très soigné (il suffit de voir les bancs couverts de cuir pour constater le contraste avec les découpes déjà décollées de la finition de Jean Nouvel au Quai Branly), aménager des espaces publics et techniques à la fois simples et sophistiqués et parvenir à rendre du même coup hommage au propos singulier de l’artiste.
Basalte. Le musée sur sa colline est hélas entouré de deux bâtiments fort inesthétiques. Méprisant l'environnement urbain immédiat, la vision des architectes fait heureusement un clin d'œil, un peu plus loin, aux nuances du grès de la basilique qui s'est accrochée au XIIIe siècle aux remparts de la cité. L'abord du musée prend des couleurs de chemin de fer, avec ses grosses pierres de basalte noir qui butent sur une construction en acier rouillé (où le chef Michel Bras est venu en voisin ouvrir une brasserie). Les architectes ont utilisé un revêtement mis au point par US Steel, le Corten, qui entraîne un dépôt de rouille tout en protégeant la structure de la corrosion. Cet aléatoire brunâtre, qui a séduit le