On se souvient avec émotion d'une exposition dédiée à l'immense artiste brésilienne Lygia Clark (1920-1988), donnée en 2005 au musée des Beaux-Arts de Nantes, où l'on avait atterri un peu par hasard (on avoue) et découvert avec stupéfaction et enthousiasme un univers où les frontières classiques entre spectateur et œuvre avaient été abolies. Parcourant «Lygia Clark : de l'œuvre à l'événement. Nous sommes le moule. A vous de donner le souffle…» (lire Libération du 5 novembre 2005 ), les visiteurs s'enfilaient des trucs étranges sur la tête, manipulaient toutes sortes d'objets, essayaient d'immenses lunettes augmentées de quantité de miroirs, participant de fait à l'opération de défétichisation de l'objet d'art voulue par l'artiste : ces objets n'avaient de sens pour elle qu'utilisés par un tiers. L'artiste «doit se contenter de proposer aux autres de devenir eux-mêmes», avait-elle écrit. Tout cela était en effet fort amusant, mais surtout animé d'une ambition folle, radicale, marquée par l'époque : changer notre rapport au monde, aux autres, à la création, «confondre l'art et la vie».
C'est donc avec envie qu'on louche vers la programmation du MoMA de New York, où se tient actuellement et jusqu'au 24 août une grande rétrospective de son travail (quelque 300 œuvres) qu'il ne faudra sans doute manquer sous aucun prétexte si l'on est d