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Walid Raad, reflets et réflexions

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Coup double de l’artiste libanais qui rend compte de ses recherches au Carré d’art de Nîmes.
«I Might Die Before, I Get a Rifle. Device 1», de la série «Atlas Group», 1989-2004. (Photo courtesy de l'artiste, galerie Sfeir Semler Beyrouth Hambourg W.Raad)
publié le 13 juin 2014 à 19h36

De part et d'autre de l'escalier monumental du Carré d'art de Nîmes, œuvre de l'architecte britannique Norman Foster, deux espaces d'exposition. Du coup, deux projets de Walid Raad, artiste né en 1967 au Liban : tout d'abord le bien connu Atlas Group (1989-2004), qui rassemble de vraies et fausses archives des guerres libanaises, telles ces photographies constellées de points de couleur censés représenter la provenance des balles criblant les murs. Fiction, évidemment, mais qui tente de dire, mieux que l'histoire et les prétendus «faits», la vérité vécue des peuples sous les bombes. On appréciera l'ironie du titre de ces collages colorés : Soyons honnêtes, la météo a aidé (Let's Be Honest, The Weather Helped, 2006).

L'autre projet - plus récent, dont on a pu voir à Paris quelques éléments (au Louvre et au CentQuatre), Scratching on Things I Could Disavow («Continuer à gratter des choses que je pourrais désavouer») - interroge le développement, en particulier «muséal», de l'art contemporain dans les pays arabes. Par exemple, ce qu'il advient des objets selon leur environnement, lorsqu'on les transporte des réserves du Louvre parisien aux salles d'Abou Dabi. Raad imagine un «retrait» possible des œuvres en elles-mêmes, suppose qu'une couleur ou une forme, dépitée, peut se refuser aux regardeurs. A travers des images frigides (serait-ce l'intimité d'un ordinateur qui est ici donnée à voir ?), telles des photos représentant des reflets de table