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Martial Raysse, et la lumière flux

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Au centre Pompidou, une rétrospective de l’artiste protéiforme, de ses débuts pop à ses portraits bleus, violets, roses, en passant par sa phase crypto-dark.
publié le 26 juin 2014 à 18h36

Jetés à l’eau. Ou plutôt, jetés à la peinture. Les visiteurs, dans la rétrospective consacrée à Martial Raysse au centre Georges-Pompidou, plongent dans un flux qui prend sa source dans le jaillissement pop des années 60, avec bouées en plastique et néons clignotants. Sur les rives de ce flux, il y a des plages avec pin-up en maillot, goguenardes, allumeuses. Flottent un camembert hallucinogène, des seins en plastique, des odalisques vert fluo, Giotto et un porc… Le fleuve passe par des méandres marécageux. On vogue vers un estuaire incertain et l’on rame pour percer le mystère de cette œuvre qui habite avec singularité le paysage artistique français depuis quelque cinquante ans.

Films étranges. Au fil de l'exposition, peu de textes pour nous guider. A peine quelques indices biographiques, parfois un cartel qui éclaire. Le choix de la commissaire d'exposition, Catherine Grenier, est de nous immerger dans un grand bain de Raysse, pour faire corps avec ses couleurs, ses matières, son vortex. Il y a évidemment les brillantes années pop qui feront son succès. Mais cette seconde rétrospective au centre Pompidou (la première eut lieu en 1981) nous déroule aussi le reste de son œuvre, bouillonnante, avec petites sculptures, films étranges et installations. Artiste protéiforme, iconoclaste et inclassable, Raysse, d'abord étudiant en lettres, voulait être écrivain. Il deviendra un peintre, «le dernier Peintre», selon les mots de Grenier,