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Le fascisme est-il soluble dans l’art plastique ?

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Admirateur de Mussolini, l’artiste italien a soutenu le régime dès le début.
«Il Guerriero», 1949. (Photo Sasa Fuis. Cologne. Fondazione Lucio Fontana. Milano.By SIAE. ADAGP, Paris.)
publié le 27 juin 2014 à 18h07

La mobilisation des artistes par le fascisme est un sujet qu'il semble toujours aussi difficile d'aborder dans une exposition. Sans le taire complètement, le parcours se garde bien d'évoquer ce sujet, toujours sensible en Italie. Heureusement, le beau catalogue, qui fait appel à des auteurs de sensibilité différente, l'aborde sans détour. Fontana est «un ardent partisan du fascisme dès les premiers jours», rappelle Anthony White. Il n'y a aucune raison de douter de la sincérité de cet engagement, que l'artiste regretta, fort légèrement, après la guerre. En 1920, quatre ans avant la prise du pouvoir par Mussolini, il a peint un portrait de lui-même portant chemise noire et écusson fasciste. Répondant aux commandes de l'Etat, il est de toutes les manifestations artistiques officielles, concevant des monuments à la gloire du régime. Il a sculpté nombre de Victoires fascistes (pudiquement rebaptisées par les historiens de l'art «Victoires»). A l'entrée de la Triennale de Milan de 1936, une citation du Duce exaltant un empire bâti sur le sang et la force des armes se trouve inscrite sur le socle. La galerie Millione, à laquelle il est lié, édite des textes présentant le fascisme comme la forme la plus élevée de l'art abstrait.

Cette relation est complexe. La tolérance envers la créativité reste grande, de la part d'un régime divisé, parvenu à enrôler des tendances opposées du modernisme. Comme les autres artistes d'avant-garde, Fontana peut être l'objet de critiques. L'ab