Le seul défaut de cette expo, c’est que le bâtiment où elle a lieu, l’ancienne Mutualité de Nantes, sera détruit en janvier. Dommage, les œuvres sont peintes et collées à même les murs et plafonds. Si vous êtes allergique au gimmick du street art comme nouvel «art populaire» (c’est-à-dire l’art vu par ceux qui pensent que le «peuple» est plus bête qu’eux), la Villa Ocupada, co-imaginée par l’artiste Kazy Usclef et Pick Up Production, constitue une baffe inratable. Même si beaucoup de cloisons ont été défoncées, il reste ici un certain nombre de pièces, couloirs, escaliers, qui ont été confiés chacun à un artiste «muraliste» différent. Ils viennent aux deux tiers d’Amérique latine et d’Espagne et, pour le reste, de France.
Acides. Muralisme oblige, les résultats sont proches de la fresque, de la narration, de la réinvention de l'espace investi, avec une attention particulière aux textures, aux couches de sens, au geste inventeur plutôt qu'itératif. Ainsi du Lillois 3TTMan, qui livre une chambre en ciment très art brut, ambiance sacrée et cône de lumière, ou la Colombienne Bastardilla, qui peint et gratte le verre pour obtenir des effets de matières. L'Espagnol Pelucas, quant à lui, apporte des objets de récup et les repeint, les greffe entre eux au milieu de variations très acides sur les icônes de la BD.
Côté thématique, la Villa Ocupada s'oppose clairement à l'expressivisme d'un certain street art ultralibéral. Comme le dit Bastardilla :