C'est donc la faute à Napoléon. Lui qui «a tué la guerre, en l'exagérant», constate Chateaubriand. La phrase de l'écrivain est inscrite sur un panneau de l'exposition «Les désastres de la guerre», présentée au musée du Louvre-Lens. Atypique, étonnamment introspective, elle aborde notre rapport à la violence d'Etat de 1800 à nos jours.
La guerre ? «Le but est de nier la chose», remarque à son tour Roland Barthes, autre citation punaisée, bien plus loin, sur un mur de ce parcours chronologique qui, à travers peintures, photographies et médias, tente de répondre à cette question en apparence paradoxale : «Pourquoi n'aime-t-on plus la guerre ?» L'idée peut sembler incongrue, pourtant il y eut bien un temps où la guerre fut héroïque, galvanisatrice, auréolée de gloire. C'est du moins ainsi qu'on la représentait. Jusqu'à Napoléon. Lequel va se révéler le maître d'œuvre d'un carnage alors encore inégalé, ou du moins perçu comme tel. Et promis d'ailleurs à une longue postérité.
Héroïque. Ce sont des pionniers, des artistes audacieux qui, les premiers, devinent ce «désenchantement» croissant qui va nourrir le monde moderne, progressivement conscient que «la guerre coûte plus qu'elle ne rapporte», selon les mots de Benjamin Constant. L'exposition s'ouvre sur un tableau de David, le Premier Consul franchissant le Grand Saint-Bernard, symbole d'une vision héroïque et mystificatrice, aussitôt assomb