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Interview

Laurence Bertand Dorleac: «Le public n’est pas immunisé contre ces horreurs»

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La commissaire de l’exposition «Les désastres de la guerre 1800-2014», évoque la banalisation actuelle des images :
publié le 17 juillet 2014 à 18h56

C’est une universitaire, certes une historienne de l’art, professeur à Sciences-Po Paris, qui s’est vu confier avec beaucoup de liberté la mise en œuvre de l’exposition sur «Les désastres de la guerre». Laurence Bertand Dorleac, auteur de plusieurs ouvrages sur les relations des artistes à un contexte de guerre ou d’après-guerre, était déjà l’un des commissaires de l’exposition «L’art en guerre (les artistes pendant la Seconde Guerre mondiale)», présentée en 2013 au musée d’Art moderne de Paris. La voici cette fois-ci seule chef d’orchestre de ce vaste et riche panorama sur l’histoire du désenchantement face à la guerre.

Comment est née l’idée de cette exposition ?

C'est d'abord une idée de Henri Loyrette, qui était à l'époque directeur du Louvre à Paris. Elle a été reprise avec enthousiasme par son successeur, Jean-Luc Martinez. Mais, au départ, nous n'avions pas fixé de limites temporelles. Tout tournait autour de Goya, de ses gravures sur l'invasion de l'Espagne par les troupes de Napoléon. L'album dans lesquelles elles ont finalement été publiées s'intitule les Désastres de la guerre, qui est aussi le nom choisi pour l'exposition. Après, je suis partie en exploration avec l'ambition affichée de faire des découvertes. C'est alors que j'ai réalisé combien la période napoléonienne marque un tournant, l'époque où s'impose un autre discours sur la guerre. Très vite, j'ai aussi compris qu'il fallait étendre nos recherches jusqu'à la période contemporaine pour observer sur la durée, et voir les tournants et les co