Rapprocher deux artistes aussi contrastés que Josef Albers et Joan Miró paraît a priori un exercice un peu absurde. C’est pourtant la tentative qui a conduit Nicholas Fox Weber, le directeur américain de la Fondation Albers sur les rives de la Méditerranée, plus exactement dans le petit musée établi dans la dernière résidence de Miró à Palma de Mallorca.
Fox Weber est un récidiviste: il a déjà confronté Albers à Giorgio Morandi à Bologne (ce qui semble plus évident) et le même à Matisse au Cateau-Cambrésis, dans le Nord (ce qui l'est déjà beaucoup moins). A l'université de Columbia, il a été inoculé contre l'excès des catégorisations par son professeur Meyer Schapiro qui recommandaient à ses élèves d'écrire des essais «bannissant tous les -ismes».
Lueur fugace d’admiration
La nouvelle initiative prise aux Baléares tient donc davantage de la surprise un peu poétique que du formalisme, ce qui la rend déjà sympathique. La découverte des ateliers du vieux peintre catalan ajoute au plaisir de la visite, même si la terrasse du musée surplombant la cité a été rendue aussi peu accueillante que possible.
«Miró!?!», griffonné en rouge sur une feuille de journal en 1968 par Albers, à côté d'un article consacré à l'artiste, au-dessus d'une courbe fléchée à la destination incertaine: cette lueur fugace d'admiration est la seule trace documentaire reliant les deux hommes. C'est maigre. Même s'ils ont tous deux été tentés par l'abstraction, cette notion ne revêt pas la même signification pour l'ancie