Yves Aupetitallot, directeur du Magasin à Grenoble depuis 1996, a participé à la «réactivation» des œuvres de Liam Gillick, artiste qu’il connaît bien. Décryptage des enjeux de «De 199C à 199D».
Que signifie «réactiver» une œuvre, en général, et dans le cas particulier de Gillick ?
Les œuvres concernées ont été créées à un moment où Gillick, comme quelques-uns des artistes européens de sa génération, s'interroge très simplement sur la position de l'artiste face à l'institution culturelle et à son public. En France par exemple, nous parlons de la génération des Frac [Fonds régionaux d'art contemporain, ndlr], celle qui développe son activité dans le réseau institutionnel issu de la politique de Jack Lang et où la question de l'éducation-médiation sous-tend fortement le projet artistique. Dans les années 90, Gillick place ces questions au centre de son travail en «écrivant» des scénarios avec les acteurs d'alors (médiateurs, conservateurs), où le résultat matériel était moins important que la procédure, que le protocole qui en était à l'origine. Deux décennies plus tard, les réactiver c'est confier la mise en œuvre de leur «scénario» à des acteurs nouveaux et dominants, ici des «apprentis curateurs», avec une vision culturelle par nature différente, et d'en mesurer les écarts par rapport au résultat originel.
Que dit de notre rapport à l’art ce terme désormais incontournable de «réactivation» ?
La question se pose notamment pour la performance dont les figures historiques majeures, je pense en particulier à Marina Abramovic, vont s’éteindre peu à peu. Pour sa rétrospective au MoMA à New York, celle-ci a amplifié la mise en place de «réactiva