Afin d’échapper à la froide grisaille qui a gagné le ciel de Londres, il faut courir à la Tate Modern pour un plongeon dans une jubilation océanienne. Montée en partenariat avec le MoMA de New York, l’exposition sur les papiers découpés d’Henri Matisse (1869-1954) est source de ravissement. Jamais il n’y eut de présentation aussi complète de ce pan de son œuvre (elle le sera encore davantage à l’automne lors de sa présentation au MoMA, quand pourra s’ajouter la frise préparatoire à son projet de piscine, en train d’être restaurée).
Dans ses dernières années, à l'instar de Monet se retirant à Giverny pour peindre inlassablement ses nénuphars, le peintre a vécu au milieu de ses compositions en papiers découpés, qui envahissaient les murs de ses résidences à Paris et sur la Côte d'Azur. Une bonne part du parcours redonne à voir ces grands formats. On aurait souhaité que l'exposition fasse davantage appel aux photographies pour évoquer cette atmosphère, sans compter quelques négligences regrettables pour un si beau spectacle : des fonds gris tristounets, des explications un peu insuffisantes et même des traductions approximatives (Végétaux traduit en Vegetables).
Feuilles vierges. Matisse se sert, pour la première fois, de motifs découpés en 1931 pour réaliser l'œuvre monumentale commandée par le collectionneur américain Alfred Barnes (1), sur le thème qui sert de fil conducteur à son œuvre : la danse. Dans son grand atelier