«L'impact de ces circonstances - la guerre et la dégradation de son état de santé qui lui a fait frôler la mort - peuvent se lire dans la prolifération exubérante des papiers découpés sur les murs de son atelier, qu'il ne cesse de retravailler… Ce remaniement incessant dans les dernières années de sa vie, peut-il être vu comme un moyen de tenir à distance cette fin absolue que représente la mort ? La profusion et le manque de fini des papiers découpés ne seraient pas ainsi seulement le résultat de la guerre, mais la substance même d'un "style tardif" fondé sur le pressentiment par l'artiste de sa propre fin.»
Ce passage de l’introduction du catalogue signée des conservateurs de la Tate et du MoMA s’inspire de la difficulté des années 40, au moment où les papiers découpés gagnent l’œuvre de Matisse. Il a été très angoissé par une opération abdominale conduite à Lyon en 1941, suivie d’ennuis broncho-pulmonaires. En chaise roulante ou assis sur une sorte de demi-fauteuil adapté à son lit, que son fils Pierre avait commandé aux Etats-Unis, il passe sa convalescence à dessiner. Au-delà des contingences de la guerre, en 1944, il est également affecté par l’arrestation, pour faits de résistance, de son épouse, Amélie, dont il est séparé, et de sa fille aînée, Marguerite.
Toute une littérature doloriste s’est ainsi développée pour associer l’invasion des papiers découpés à celle des métastases et de ses angoisses existentielles. Pourtant, l’exposition elle-même s’oppose à cet