ReaOne tente de peaufiner sa fresque, un entrelacs de tentacules bleues, entre deux pauses bavardage avec les passants. «Je suis là depuis deux heures et j'ai fait trois traits et demi», sourit le graffeur parisien. Les volutes flanquent la porte d'entrée, bleue aussi, d'une maison basse aux murs blanchis à la chaux dans une petite rue sans nom. Son occupante «ne voulait rien de figuratif», rapporte le jeune homme, qui ajoute ne pas savoir pourquoi. Peut-être parce que le regard de femme, bleu encore, sur la bicoque voisine, a fait grincer quelques mâchoires.
«Comme une petite médina»
Plus loin, s'alignent trois têtes de lions, signées Orticanoodles, duo de pochoiristes italiens bien connus, chacune sous-titrée d'un mot en arabe, formant cette devise : «Justice, liberté, régime». Nous sommes à Erriadh, bourg tranquille de l'île de Djerba, en Tunisie, dans lequel la galerie parisienne Itinerrance a planté son nouveau projet. Elle s'était fait connaître à l'automne dernier grâce au succès colossal de la Tour Paris 13, cette barre HLM du XIIIe arrondissement transformée en musée éphémère de street art, avant démolition. Cette fois, avec «Djerbahood», Itinerrance investit le dédale d'un village typique, avec ses rues étroites et sinueuses, ses maisons traditionnelles, appelées houchs. «C'est comme une petite médina au milieu de nulle part», souligne Mehdi ben Cheikh, directeur de la galerie. Le Franco-Tunisien réfléchissait «depuis un moment»