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Horticulture

Le vert du décor révélé

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A Chaumont-sur-Loire et à Amiens, des festivals mettent à l’honneur les jardins. Le premier explore le thème des péchés capitaux, le second les rapports entre arts et nature.
«Entrailles», de Wilson Trouvé. A Amiens, le plasticien a installé une trentaine de tubes hauts de 3 mètres recouverts de bandes de plexi-miroir. (Photo Y. Monel)
publié le 5 septembre 2014 à 17h26

Un jour, un châtelain et une châtelaine mirent au défi les jardiniers du royaume : ils devaient créer le plus beau jardin possible sur le thème de… l'orgueil. Tous accoururent, firent des merveilles. Mais celui qui gagna avait eu une idée simple : au milieu de buissons et de fleurs, il posa une simple mare rectangulaire entourée d'un cadre doré comme celui d'un tableau ou d'un miroir, dans laquelle put se refléter le beau château. Il baptisa son œuvre Domaine de Narcisse. Le châtelain et la châtelaine applaudirent. Puis ils firent couper la tête du jardinier : n'était-ce pas de leur propre orgueil que l'on se moquait ? En réalité, l'histoire se termine mieux : l'équipe italienne qui a conçu ce jardin-miroir pour le Festival international de Chaumont-sur-Loire a eu la vie sauve.

Ironie. Cette année, le thème en est «les Péchés capitaux», dont l'orgueil. Etant donné la géométrie des lieux, la mare-miroir ne peut pas refléter tout le château, seulement le lanternon posé sur l'une des tours du bel édifice des bords de Loire. Cette ellipse rend l'exercice plus amusant encore.

Durant l’été, une plante aquatique (élodée du Canada) a prospéré dans l’eau, donnant à sa surface la patine d’un miroir au tain oxydé. L’image de Narcisse se brouille peu à peu. Autour de l’eau, buissons de buis, iris du japon, dahlias, pittosporums et alliums forment le cortège végétal nécessaire à ce genre de référence jardinière. Car la vingtaine de parcelles d