L'art à Milan et en Lombardie dans les premières décennies du XVIIe siècle n'est pas un sujet courant en France. Il n'y a même jamais eu d'exposition sur la question. Ayant hérité de la collection du cardinal Fesch, le musée, logé en son palais à Ajaccio et dirigé par Philippe Costamagna, est l'un des rares en France à défricher ainsi des territoires peu connus de la peinture italienne.
Grâce notamment à un ensemble de prêts exceptionnels de la famille des princes de Borromée, dont le grand Couronnement d'épines du Cerano décroché de leur résidence à Isola Bella, sur le lac Majeur, de la pinacothèque de Milan, et des trouvailles dans quelques musées français, il réunit un ensemble d'une grande vigueur. L'iconographie de l'époque doit beaucoup aux cousins Borromée, qui se sont succédé à l'archevêché de Milan, diffusant un réalisme sobre et un style grave, empreint des accents de la Contre-Réforme. Tous deux se sont illustrés dans l'aide aux victimes de la famine et des terribles épidémies de peste, justifiant un culte qui se retrouve ici dans les tableaux du Morazzone. Comme beaucoup de sa génération, il est resté fidèle à un maniérisme tardif, qui sera plus tard renouvelé par les tombées de lumière apportées par Le Caravage.
L'angoisse de l'époque se lit dans le Christ se tordant sous le fouet du Cerano, qui a ouvert cette phase brillante, le corps martyrisé de saint Sébastien peint dans ses jeunes années par Francesco del Cairo, ou encore sa Madeleine