De Compiègne à Genève se tiennent deux expositions évoquant Auguste Rodin (1840-1917). Le contraste est frappant entre la force de ses œuvres de maturité, présentées en Suisse, et l'élégance de celles montrées à Compiègne dans la suite d'une rétrospective consacrée à Albert-Ernest Carrier. Rodin, qui fut son proche collaborateur, put perfectionner son art du modelage, avant de gagner une vigueur et une originalité qui n'étaient pas sans déconcerter son maître.
Carrier (1824-1887), qui signa Carrier-Belleuse, fut surnommé «le Clodion de son époque». Cette référence à l'auteur lorrain des nymphes n'était pas un compliment pour tous. Les frères Goncourt l'appelèrent «le pacotilleur du XIXe siècle», ce qui était injuste au vu des somptueuses décorations visibles à Compiègne.
Cet excellent homme est né en Picardie dans une famille bientôt désargentée, abandonné par son père. Il entra comme ciseleur chez des orfèvres dès ses 13 ans, acquérant une polyvalence et un art du détail qui feront sa célébrité.
Très bon dessinateur et modeleur, il était aussi un ingénieur faisant appel à toutes les inventions du temps. Pour paraphraser un contemporain, il eut autant de talents que d’enfants (huit, en une décennie). Porcelainier puis fondeur, il fut embauché en 1850 à Londres par Léon Arnoux, que Herbert Minton venait d’introniser directeur artistique de sa