Bernard Szajner, c'est l'histoire d'une éclipse : la disparition temporaire d'un astre noir dans l'ombre de son éblouissante création, la harpe laser. Ou plutôt la Syringe, comme il avait baptisé cet instrument aux rayons verts qu'il a conçu et fabriqué, et qui fit la gloire d'un autre (Jean-Michel Jarre ). L'ombre et la lumière sont les motifs récurrents du gosse né en 1944 dans une cave où s'étaient tapis ses parents, plongé dans l'obscurité totale de peur d'être repérés. «Quand, à la Libération, ils ont enfin pu tirer sur la ficelle pour allumer la lampe, ça a fait clic et déclenché une lueur vive.» Le son et la lumière sont depuis viscéralement liés chez celui qui explique ainsi son obsession pour la synchronicité.
Accessoire. Enfant, il était illusionniste avant de devenir un magicien des lumières, lorsque la fantasmagorie devint «light show», composant des trips lumineux avec des projos de diapos, effets spéciaux et alchimie de couleurs, pour enluminer les concerts de ses camarades, Gong, Magma. Il réalise les premiers spectacles lasers pour les Who et Jean-Michel Jarre. Puis il en a eu assez d'être l'accessoire, «le type à qui on demandait de mettre des effets sur une musique fixée d'avance, pour faire joli». Szajner commence par emprunter un petit synthétiseur, et tente de traduire sous forme musicale les visions de personnages et de situations suggérées par la lecture de Dune, la saga SF de Frank Herber