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Interview

Bernard Szajner: «Pas de remplissage, je n’utilise des images que lorsqu’elles ont un vrai sens»

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L'artiste revient sur son parcours et ses sources d’inspiration.
Bernard Szajner à la fin des années 70. (Photo Bernard Szajner)
publié le 17 septembre 2014 à 17h26

L’artiste boule à facettes, illusionniste, luthier, créateur de fantasmagories, roboticien et musicien d’avant-garde Bernard Szajner, évoque sa nouvelle création.

Difficile de ne pas évoquer avec vous la harpe laser…

Je déteste la harpe laser. Je l’ai détruite à coup de masse, dans un geste très rock’n’roll. C’est un instrument trop spectaculaire qui empêche d’entendre la musique, sa présence est si forte qu’elle subjugue le public. Quand on voit quelqu’un caresser un rayon lumineux, quelque chose d’immatériel qui produit un son, c’est un acte magique. Ce n’est pas que je travaille à démystifier cela, nous sommes tous des victimes consentantes de notre goût pour l’immatérialité, nous adorons cette immatérialité qui est aussi protectrice. Je me souviens de ce roman d’Asimov où un robot détective doit résoudre un meurtre sur une planète où vivent des humains qui n’ont plus de contact entre eux, si ce n’est par téléprésence. Ce meurtre ne peut être commis par les humains, puisqu’ils ne supportent plus de se toucher en vrai, ils ne supportent plus la matérialité de l’autre.

Et le Snark?

Lui, je l’ai conservé, en état semi-fonctionnel, mais c’est un clavier contrôleur qui fonctionne avec un synthétiseur très vieux et lourd, créé par un Allemand. Il est mi-analogique, mi-numérique et produit des sons merveilleux et irremplaçables. Aujourd’hui, je travaille avec deux instruments démontables qui tiennent dans une grande valise.

Pour cette création, avez-vous conçu de nouveaux instruments ?

Ce ne sont pas vraiment des instruments. L'instrument, je le conçois comme un outil, une extension de la main humaine, et l'i