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Dessin

Jean Bedez, combat au graphite

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L’artiste croise peintures historiques et faits actuels dans des œuvres d’une grande technicité.
«Alors surgit un autre cheval, rouge-feu; celui qui le montait, on lui donna de bannir la paix hors de la terre, et de faire que l’on s’entr’égorgeât: on lui donna une grande épée», de Jean Bedez (2012). Dessin crayon graphite sur papier Canson. (Photo Courtesy Suzanne Tarasiève. Rebecca Fanuele)
publié le 19 septembre 2014 à 18h26

Il a fallu entre quatre et six mois de travail à Jean Bedez pour réaliser chacun de ces grands dessins (2,12 mètres sur 1,40) inspirés de l'Apocalypse de Saint Jean. Et comme ils sont quatre, comme les cavaliers de l'Apocalypse, on imagine le temps nécessaire pour finir cet ensemble, présenté à la galerie Suzanne-Tarasieve à Paris pour la première fois.

On sait depuis toujours que le temps de réalisation d’une œuvre n’a rien à voir avec sa qualité. Sauf que pour une fois, la donnée temporelle est consubstantielle du travail. Elle révèle notamment le combat mené par Bedez (né en 1976) face à sa feuille. Seule la durée lui permet de multiplier les couches successives de traits de crayon pour arriver à ces étonnants effets de sfumato, de velouté et de lumière (également au sens épiphanique) simplement avec du graphite.

«L'Art du combat» est d'ailleurs l'intitulé de cette exposition. Le titre se réfère directement au livre l'Art du combat aux échecs de David Bronstein. Joueur lui-même, Jean Bedez montre ici trois dessins inspirés de la partie historique gagnée en 1972 par l'Américain Bobby Fischer contre le russe Boris Spassky, en pleine guerre froide.

Encore une histoire de temps (le fameux pendule des échecs) et de conquête. Une diagonale (de fou) parfaite pour revenir aux Cavaliers annonciateurs des quatre fléaux : la famine, la conquête, la pestilence et la guerre. Pour cette dernière, Bedez couche un cheval dans un salon bourgeois aux murs détruits et grands