En ce 5 février 1994, plus de 5 000 raveurs investissent l’usine de tissage désaffectée Gugelmann, à Roggwil, en Suisse, et s’agitent, extasiés, sur les basses jusqu’au petit jour lors de la première «Odyssey». Un an plus tard, ce sont 12 000 danseurs venus de toute la Suisse et des pays voisins - soit trois fois le nombre d’habitants que compte le village - qui affluent dans les neuf halles, inaugurant l’ère des mégaraves, jusqu’à ce qu’un grand incendie ne réduise en cendres, en 2001, une grande partie de ce lieu mythique et de ses idéaux.
Situé à cinq kilomètres de là, le Kunsthaus Langenthal revisite ce passé à l'aune de notre société connectée. Sous l'intitulé «Megarave-Metarave», projet en deux parties réalisé avec WallRiss, jeune espace d'art contemporain indépendant de Fribourg (lire ci-contre), le centre d'art de Langenthal tisse des liens entre l'utopie des raves et celle portée par les débuts d'Internet, et leur inéluctable marchandisation. Le commissaire, Raffael Dörig, identifie l'année 1994 comme un moment charnière. Tandis que ces grands rassemblements font sortir la techno de l'underground, arrive sur le marché le logiciel Netscape Navigator 1.0 qui va populariser le World Wide Web et le transformer en média de masse.
Extrait du flyer de l'exposition. Graphisme Gregor Huber et Ivan Sterzinger
Datarave. L'expo met subtilement en scène cette tension entre euphorie technologique et critique de la machine, utopie techno