En bon helléniste, Jean-Luc Martinez, président du Louvre, apprécie l'oxymoron. Le bruit des marteaux-piqueurs qui a commencé à résonner dans le vaste hall informe sous la pyramide est censé annoncer sa «révolution silencieuse». L'homme veut tout reprendre, du sol au plafond. Depuis son arrivée, en 2013, il voudrait faire renaître le désir de musée, dans une maison aussi désorientée que la foule qui la prend d'assaut chaque jour.
«Il y a vingt-cinq ans, la pyramide de Pei était conçue pour accueillir, tout au plus, 4 ou 5 millions de personnes dans l'année ; elle en reçoit désormais le double», fait-il observer. Première étape : améliorer l'accueil et créer de nouvelles surfaces d'exposition. Avec les réserves, problème toujours pendant, l'absence de galerie d'exposition décente est une des plaies ouvertes du Grand Louvre.
Cohue. Il suffit de se joindre à la file d'attente sous la pluie, avant de chercher une salle un peu éloignée, ou de passer par les toilettes, pour savoir que le palais n'a rien d'accueillant. Le personnel est à bout. La grève, en avril, de protestation contre les agressions lancées par les bandes de jeunes pickpockets est un signal d'alerte. Ces conditions déplorables aggravent une consommation culturelle de masse, dans laquelle la perception de l'art est mise à mal. Sur les 50 000 touristes affluant les jours de pointe, beaucoup n'ont pour seul objectif que de se photographier eux-mêmes devant la