«Rodin fait partie du patrimoine universel.» C'est par ces fortes paroles qu'Aude Le Guilcher a ouvert l'acte d'accusation devant le tribunal correctionnel de Paris, au terme de trois journées du plus important procès en contrefaçon de ces dernières décennies. Au moins 1 700 faux Rodin seraient dans la nature, à en croire l'expert Gilles Perrault. Gary Snell se retrouve accusé en compagnie d'une société utilement basée au Lichtenstein, Gruppo Mondiale.
Cet élégant Américain de 66 ans aux cheveux blancs, le regard papillotant, se présente dépassé par une affaire ponctuée d'embrouilles avec ses partenaires, dont il serait sorti «ruiné». Installé en Italie après avoir tenu une galerie à San Francisco, il s'emmêle, farfouillant en quête de documents dont même son avocat avoue qu'il n'avait pas connaissance. Il avait pourtant le temps de les produire, en quatorze années d'instruction. Gary Snell a acheté des moulages en plâtre de sculptures de Rodin à des marchands (dont l'accusation a cependant écarté la responsabilité).
Signature. Robert Crouzet lui a notamment cédé 16 plâtres, dont le Penseur ou l'Age d'airain en différents formats, une Eve, un Homme qui marche, des tête, torse et main, pour près de 300 000 euros. A partir de ces moulages, la fonderie Guastini à Vicence a produit des copies en série. Rodin étant dans le domaine public, il est possible de proposer des reproductions. Néanmo