Christian Berst a ouvert sa galerie, entièrement dédiée à l’art brut, il y a neuf ans dans le Marais, à deux pas du centre Pompidou. Il a décidé d’ouvrir un nouvel espace, ce mois-ci, à New York. Il nous explique son choix de partir à la conquête de l’Amérique.
Pourquoi avoir choisi New York pour ouvrir une nouvelle galerie?
New York s'est imposé à moi pour plusieurs raisons. Lorsque l'on veut porter l'attention sur un art resté trop longtemps dans l'angle mort de l'histoire, il faut le faire partout où le dialogue est le plus vivace. Massimiliano Gioni, avec le New Museum et, plus récemment, à avec la biennale de Venise, dont 10% des œuvres relevaient de ce courant [il en a été le commissaire en 2013, ndlr], a commencé par tracer une nouvelle perspective, à initier de nouvelles pistes de réflexion. Ensuite, parce que New York, par son énergie légendaire, remplit les prérequis économiques pour inscrire une telle entreprise dans la durée. Pourtant, le marché anglosaxon a fini par imposer l'idée d'un «outsider art» (1), qui est un concept auquel je peux difficilement souscrire. D'abord parce qu'il impose l'idée que tout cela se situe à la marge, alors que les questions que nous pose l'art brut sont, à mon sens, centrales. Ensuite, parce que cette notion d'art outsider recouvre un champ tellement vaste qu'il en perd de son sens et de sa force: on y trouve à la fois l'art brut, mais aussi tout ce que les spécialistes, Dubuffet en tête, en ont écarté par souci de précision et de clarté.
Si l'art outsider -fut-il