Menu
Libération
arts

Le Cannet fait une place au sommeil

Article réservé aux abonnés
Le musée Bonnard expose, jusqu’au 2 novembre, une cinquantaine de «Belles Endormies».
publié le 3 octobre 2014 à 17h16

Une incitation à la sieste ? Au farniente ? Au rêve ou à l’oraison ? L’exposition que le musée Bonnard consacre aux beautés endormies dans la peinture moderne est un ravissement, même si le sujet peut paraître de prime abord banal. Depuis trois ans, Véronique Serrano anime ce musée ouvert sur les hauteurs de la localité où Pierre Bonnard a vécu les vingt dernières années de sa vie, peignant inlassablement le paysage qui l’entourait. La collection a été formée grâce à la famille du peintre et aux grands mécènes Philippe et Vincent Meyer, avec le soutien de la maire du Cannet, Michèle Tabarot. Le musée est ainsi doté d’un véritable budget d’acquisition, ce qui est rare de nos jours.

Le titre de l’exposition fait immanquablement penser au roman de Yasunari Kawabata, dont les vieillards s’abîment chaque nuit dans la contemplation de jeunes filles sous l’emprise de narcotiques. Autour de cet abandon, Véronique Serrano a réuni un bel ensemble d’une cinquantaine d’œuvres, portant un léger accent sur des artistes du Midi, dont plusieurs «fauves».

Mais l'aréopage est large. La jeune fille dessinée avec tant de brio par Balthus paraît bien sage. Celle de Maurice Denis ou la Bretonne de Paul Sérusier s'adonnent à la prière. Chez ces symbolistes, tout comme pour Odilon Redon, les yeux clos se veulent des fenêtres de l'âme. Le contraste ne pourrait être plus grand avec l'indolente de Pierre Bonnard, qui, par une chaleur écrasante, dort jambes écartées, sans autre drap pour la voiler qu'un