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Courbet, paria ouvert sur la Suisse

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Honoré aujourd’hui à Genève et à Bâle, le peintre, qui avait fui Paris après la Commune, a fini sa vie réfugié au bord du lac Léman, malade et ruiné, mais fécond.
«Grand Panorama des Alpes, les dents du Midi», 1877. (Photo The Cleveland Museum Art John Severance Fund)
publié le 14 octobre 2014 à 17h36

Gustave Courbet (1819-1877) a passé ses dernières années réfugié en Suisse. Pour la première fois, dans une exposition originale émaillée de chefs-d’œuvre du porte-parole du réalisme, soutenue par un beau catalogue, le musée Rath de Genève aborde un épisode dont les traces sont restées assez confuses.

La fuite de l'artiste trouve ses origines dans son engagement au sein de la Commune de Paris. Après la Semaine sanglante, qui met fin à l'insurrection de 1871, il purge six mois de détention. Bravache, dans un autoportrait présenté à Genève, il se dépeint en prison fumant nonchalamment la pipe près d'une fenêtre. Mais en 1873 s'ajoute une condamnation à régler une somme énorme pour couvrir la reconstruction de la colonne de la place Vendôme, qui avait été détruite par la Commune comme «symbole militariste» de l'Empire. Courbet trouve provisoirement refuge auprès de ses proches, dans le Jura, où il peint d'immenses truites agonisantes tirées de la rivière, avant de s'exiler dans un petit port du lac Léman, La Tour-de-Peilz. L'exposition présente certains des saisissants portraits qu'il réussit à emporter dans sa fuite, l'Ivrogne d'Ornans, la Belle Irlandaise, ou encore son effigie intime en homme blessé.

«L'Homme blessé», 1844 ou 1854. Photo RMN-Grand Palais. Musée d'Orsay. Hervé Lewandowski

«Double peine». A ce point, son œuvre semble se dissoudre dans une vie romancée. Il est beaucoup question d'un artiste vaincu par la dépr