Robert Filliou (1926-1987) est cet artiste qui a écrit un jour cet aphorisme devenu célèbre : «L'art, c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art.» Cet enfant de Dada était poète, auteur de pièces de théâtre, plasticien protéiforme, très proche du mouvement Fluxus et de ses principaux protagonistes, Georges Brecht, John Cage, Joseph Beuys, Ben… Il se définissait comme un «génie sans talent», inventa le fameux «Principe d'équivalence : bien fait-mal fait-pas fait», lança que «l'art n'est qu'une activité parmi d'autres».
Parmi ses multiples facéties sérieuses, il créa aussi la Galerie Légitime : un espace nomade et miniature, puisque les expos étaient présentées dans un chapeau : «Du couvre-chef au couvre-chef(s)-d'œuvre(s)». La troisième se tint à Londres, en octobre 1962 dans un… chapeau melon avec des œuvres de Ben, Daniel Spoerri, Emmet Williams et Filliou lui-même.
Cette idée du chapeau melon est immédiatement venue à la tête de Raphaël Cuir (commissaire, critique et historien d’art qui dirige l’AICA France, l’Association internationale des critiques d’art), lorsqu’il a proposé cette exposition à la Vitrine am, cet espace-centre d’art dédié aux expériences entre art et marques.
Autour des concepts de nomadisme et d’échelle réduite, Raphael Cuir a donc proposé un chapeau melon à quatorze artistes et leur a demandé de travailler dedans. Le résultat, présenté dans une scénographie de Jacob et MacFarlane, est décoiffant, si l’on peut