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Durand-Ruel, impression de liberté

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Au musée du Luxembourg, les œuvres impressionnistes défendues par le marchand d’art mort en 1922.
Portrait de Paul Durand-Ruel par Auguste Renoir, en 1910. (Photo Durand-Ruel et Cie)
publié le 21 octobre 2014 à 17h06

Un marchand d'art est-il un collectionneur ? Dans le meilleur des cas, il vit de ce qu'il aime, vend, achète, revend ; en lui cohabitent et se succèdent plusieurs collectionneurs. Quand c'est un grand marchand comme Paul Durand-Ruel (1831-1922), ce peuplement intime a la cohérence et l'obstination d'une passion unie par l'intérêt - passion pionnière : «A cette époque, écrit-il dans ses souvenirs (1), le commerce des tableaux était encore bien loin d'être ce qu'il est devenu plus tard. Les affaires étaient restreintes. Il y avait très peu d'acheteurs, et, en outre, les œuvres des artistes dont nous nous occupions spécialement, toujours très discutées, se vendaient fort mal.»

Il achète tout ce qu’il peut et devient l’homme qui fait connaître à Londres, à New York, ces impressionnistes dont la France veut si peu. Les tableaux qu’il ventila occupent désormais Orsay et les musées américains en sont remplis. Cette postérité est bien connue. Ce qui est intéressant, c’est d’en voir les traces et d’éprouver, le temps de quelques salles, le plaisir chiffré qui fut le sien.

Cabinet d'intimité. Au musée du Luxembourg, la commissaire Sylvie Patry réunit une centaine d'œuvres venues de partout, acquises, revendues, rachetées parfois plusieurs fois par Durand-Ruel. «Les impressionnistes ? Encore une exposition de dessus de boîte en chocolat pour les vieux !» se disait-on, en y allant courbé comme un enfant de touriste sous le vent de Gi