Quiconque traîne dans le XXe arrondissement de Paris connaît la rue Dénoyez. Mais pas toujours par son nom. Plutôt pour sa fonction. On s'arrête au métro Belleville, on remonte la rue du même nom, vers l'Est. La première voie sur la droite interpelle le regard. Tous les jours ou presque, une nouvelle fresque. On s'enfonce, les graffs sont partout.
Street art, flops ou simples tags ont transformé au fil du temps cette rue grise en un déchaînement de couleurs. Arrivé en 2001, le squat «Frichez-nous la paix», dirigé aujourd'hui par SP38 et Pedro, fait partie de ceux qui ont lancé ici la dynamique du street art, avec des expos dans leur petit local et des graffs sur le mur d'en face. Les services de nettoyage passaient fréquemment afin de mettre un coup de peinture sur les œuvres. Mais au milieu des années 2000, la voirie lâche prise. La rue gagne. Depuis, des artistes viennent du monde entier pour travailler sur ces 156 mètres de mur. Même loin de la tour Eiffel, la rue Dénoyez est dans les guides touristiques et on y entend parler allemand, espagnol ou anglais. A défaut d'être un paradis social - on est dans l'un des quartiers paupérisés de Paris, certes en phase de gentrification -, c'est un havre artistique.
Depuis quelques semaines cependant, une banderole «Sauvons la rue Dénoyez» s'y déploie et une pétition en ligne appelle la maire, Anne Hidalgo, à recons