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Exposition

Haïti, un art loin d’être naïf

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Le Grand Palais retrace avec originalité deux siècles de diversité créative dans ce qui fut la première république noire.
«Sans titre», de Dubréus Lhérisson. (Photo Josué Azor. Collection Reynaud Lally)
publié le 2 décembre 2014 à 17h46

Agauche de l’entrée principale, devant la porte H (comme Haïti), est installée une sculpture en aluminium sertie de motifs bariolés. Debout sur quatre pieds, l’ensemble dégage durant la journée une lourdeur pompeuse, semblable à celle d’un dais, cet ouvrage dont on pare aussi bien les trônes que les tombeaux, - une ambiguïté à l’image de l’histoire du pays.

Mais de nuit, la structure change de physionomie. Illuminée par des lampions de toutes les couleurs, elle se transforme en lanterne géante, un havre féerique ciselé dans les ténèbres parisiennes. La Porte d'Haïti est la première des 167 œuvres présentées dans l'exposition «Haïti. Deux siècles de création artistique». Elle a été réalisée spécialement pour l'occasion par Edouard Duval-Carrié.

Passée la porte, le visiteur n'est pas au bout de ses surprises. Un handicapé déglingué l'attend au beau milieu des escaliers : tête en cassette vidéo, cou de métal tordu, épaules pneumatiques, buste rafistolé en bouts de carrosserie et restes d'ordinateur. L'infirme du troisième type est flanqué d'un grand échalas tout aussi cabossé que lui, tas de ferraille humanoïde penché sur le fauteuil roulant. Recouverts de peinture chromée, les deux personnages semblent en discussion. Le vieux demande peut-être à l'autre : «Ils ont quoi, tous ces gens, à nous dévisager ?» Ou l'engueule : «Je t'avais dit de prendre l'ascenseur !»

Guyodo, son auteur, y voit pour sa part une métaphore de sa condition d'artiste : «Je sui