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La palette terre de Constable

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A Londres, une exposition retrace le rapport du peintre anglais à la nature.
«La plage de Brighton» (1824), huile sur papier de Constable. (Photo Victoria and Albert Museum Londres)
publié le 7 décembre 2014 à 17h56

C'est l'exposition la plus intelligente du moment : le Victoria and Albert Museum a su mettre en scène la méthode développée au cours de sa carrière par le peintre anglais John Constable (1776-1837), adepte de la «vérité de la nature». Sa vocation est tardive. Pratiquant le croquis comme un passe-temps, ce fils de bonne famille du Suffolk est remarqué à 19 ans par George Beaumont. Richissime amateur, qu'on surnomme «le dictateur du goût» tant il a de l'importance dans les cercles artistiques, il introduira Constable aux paysages du Lorrain et aux massifs translucides de Thomas Girtin. Parrainé par le peintre John Farrington, le jeune homme suivra trois ans plus tard des cours à la Royal Academy. Ses débuts sont laborieux, comme en attestent ici des copies de Raphaël, Poussin ou Rubens. Le conservateur Mark Evans veut montrer qu'il a toujours regardé du côté de ces maîtres, formant plus tard une vaste collection d'estampes et de peintures.

Mais passé deux années à courir après «une vérité d'emprunt», selon ses propres mots, il décide de «travailler sans relâche d'après nature pour tendre vers une représentation simple et authentique». «Il y a place, pense-t-il, pour un peintre de la nature.» Il n'est pas grand voyageur. A l'instar d'un Jacob van Ruysdael posté devant les moulins hollandais, la tranquille campagne au nord de Londres lui fournit la matière de sa réflexion - il sera ainsi considéré comme le plus anglais des pe