C’est une des rares pièces qui ne repartira pas en l’état de la biennale. Et pour cause, son auteure, Emmanuelle Lainé, a travaillé sur place et fait des deux pièces en angles droits qu’on lui a allouées, non seulement son espace d’exposition, mais aussi son atelier. Résultat : une installation très aboutie où traînent des reliquats de matières molles et monticules de silicones, du mobilier et du matériel de sculpteur, y compris des chaînes et des poids pouvant servir, imagine-t-on, à transbahuter de lourdes pièces, puis des posters muraux qui jouent les trompe-l’œil parce qu’ils représentent l’espace même où on se tient, à quelques détails près (certaines vues sont ainsi inversées, et peuplées de cadres en plein brainstorming). Ce souk signifie joyeusement que l’artiste et l’œuvre résistent au timing de l’événement ainsi qu’à la scission entre lieu de création et lieu de monstration. Emmanuelle Lainé ne transbahute pas son atelier au MAC (musée d’art contemporain de Lyon) mais étire son temps de travail au-delà ou en deçà des délais à respecter. L’œuvre est bel et bien finie, bien qu’elle n’en arbore aucun signe. En friche, abandonnée, ou en chantier, toujours en cours, elle travaille, en sommeil, à inverser les perspectives et les rythmes de travail. Photo Emmanuelle Lainé
arts
Emmanuelle Lainé, hors du temps
Il paraît que le fond de l'être est en train de changer d'Emmanuelle Lainé. (Photo Emmanuelle Lainé. )
publié le 14 septembre 2015 à 18h36
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