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Libération
Critique

«Osiris», divin coupé à l’eau

L’Institut du monde arabe accueille des vestiges rituels consacrés au dieu égyptien et retrouvés dans le Nil.
«Le Réveil d'Osiris.» (Photo Christoph Gerick. Franck Goddio. Hilti Foundation)
publié le 20 décembre 2015 à 18h31

C’est l’expo événement de la rentrée, qui a attiré depuis son ouverture, en septembre, quasiment 170 000 visiteurs. C’est aussi le genre d’exposition où l’on va pour être impressionné, pour voir en vrai des objets qui sont dans l’imaginaire collectif. Cela pourrait être l’Oreille cassée, l’or des Incas ou des soldats de terre cuite chinois.

Là, ce sont des statues monumentales en granit, des minuscules pièces de bois ou d'or, des bijoux ou des objets rituels, tous «pêchés» dans le delta du Nil, dans la baie d'Aboukir, vestiges de deux cités, Thônis-Héracléion et Canope. Les deux villes ont disparu, englouties dans les eaux au VIIIe siècle, personne ne sait trop pourquoi. Longtemps, on en ignorait jusqu'à la localisation précise. L'exposition de l'Institut du monde arabe (IMA) rassemble des objets découverts par l'archéologue sous-marin Franck Goddio et ses équipes dans les eaux égyptiennes. Des pièces issues de musées du pays ont été ajoutées.

Alors, est-ce que l’effet est là ? Est-ce qu’on est impressionné face à cette gigantesque statue qui nous accueille dans la première salle, magnifique géant sauvé des eaux ? Oui, sans doute. Mais cet effet s’interrompt très vite, tant le pari a été fait de se débarrasser directement de ce qu’il y a de plus spectaculaire, de plus grandiose. «Osiris, mystères engloutis d’Egypte» a les apparences d’une expo grand public, mais va beaucoup plus loin que prévu dans la description des rites, la mythologie autour d’Osiris, divinité martyre, frère et époux d’Isis. Les cartels manquent de la clarté nécessaire à la compréhension d’un corpus aussi vaste. A peine a-t-on dépassé la première salle qu’on entre dans un dédale de vitrines où il faut se pencher pour constater que la splendeur de l’Egypte antique se dévoilait également dans la petite taille, que le gigantisme était aussi dans les détails.

Il y a un monde fou, tant mieux pour l’IMA et tant pis pour nous, car cette collection d’objets, on a du mal à la voir vraiment, de même qu’il est difficile, dans le brouhaha, de saisir toutes les nuances de la mise en scène de ce patrimoine, ambitieuse (et par moments très réussie) dans sa manière d’envelopper le travail scientifique dans une atmosphère aquatique.