Roulements de caisse claire… On prête l’oreille, le corps se raidit, les dents grincent. Quel est ce bruit de percussion inquiétant qui bat le rappel ? En levant la tête, dans le forum à l’architecture années 80 du LAAC, on aperçoit un enfant sur une balustrade, les jambes dans le vide. Il joue du tambour à intervalles réguliers et sa position en équilibre provoque un haut-le-cœur. Attention, il peut basculer d’une minute à l’autre. L’exposition «Everybody» à Dunkerque tente la confrontation des corps. Desquels ? Le nôtre, celui des autres, celui des artistes ? Vaste sujet fourre-tout difficile à balayer.
Les commissaires (Sophie Warlop, directrice des musées de Dunkerque, et Richard Schotte, responsable du département art et médiation) ont composé un puzzle avec des membres épars. Des artistes de tous horizons forment une ronde dépareillée au premier étage circulaire du musée. Photos, sculptures, peintures cherchent des points de rencontre. Dans la salle intitulée «La concierge est dans l'escalier», le corps est absent. La Jambe d'Orwell-Pantalon pour le XXIe siècle, 1984, de Joseph Beuys (un jean rescapé d'une performance), entame un dialogue avec des sculptures d'Erwin Wurm moulées sur des personnes qui se cachent dans des pull-overs extralarges. Un plongeoir vide de Philippe Ramette : le nageur s'est peut-être noyé. Les tons bleu délavé harmonisent le tout. On arrive au début d'une conversation.