Le Forum social mondial (FSM) se termine à Montréal avec, pour certains, un peu d'amertume. Dans une dynamique continue depuis plusieurs années, le plus grand rassemblement au monde d'altermondialistes a perdu de sa superbe, par rapport aux premières éditions tenues à Porto Alegre, au Brésil au début des années 2000. La fréquentation a été moins importante qu'auparavant, avec environ 35 000 participants selon les organisateurs.
Pour ces derniers, cette première édition du FSM dans un pays du Nord a tout de même été «un succès». «Cette semaine à Montréal et toutes les polémiques sur l'organisation du FSM ici au Québec ont réussi à faire bouger les lignes, et à montrer que la séparation Nord-Sud de notre monde n'a plus de sens, et qu'une solidarité internationale et une convergence des luttes est possible et nécessaire», assure Carminda Mac Lorin, co-coordinatrice de l'organisation du FSM de Montréal.
Le gouvernement Trudeau pointé du doigt
Depuis deux semaines, le fait que des centaines de demandes de visas ont été refusées par les autorités canadiennes, pour la plupart pour des personnes venant de pays en développement, a embrasé les discussions sur le forum. Lundi 15 août, alors que le conseil international du FSM se tenait pour décider du lieu où se passera la prochaine édition de la grand messe altermondialiste, les organisateurs de celle de Montréal se sont engagés à répertorier minutieusement toutes les demandes de visas refusées afin de confronter le gouvernement avec celles-ci.
«Le conseil international a adopté une résolution pour condamner le gouvernement canadien pour sa politique migratoire qui a privé d'une grande richesse les débats de cette semaine, assure ainsi Raphaël Canet, co-coordinateur du FSM de Montréal. Plusieurs dizaines d'ateliers et de conférences ont dû être annulés à cause de cela. Nous allons profiter de cette expérience pour lancer une campagne internationale sur les problèmes d'accessibilité administrative aux forums mondiaux.» Ce n'est pas la première fois que cette barrière des visas vient limiter l'accès aux forums, certaines personnes avaient déjà rencontré de tels problèmes, en Tunisie par exemple où ont eu lieu les deux dernières éditions.
En marge de la COP 22
Les trois derniers jours du forum ont aussi servi à établir des plans d'action à partir d'une agora des initiatives où se sont retrouvés tous les groupes de travail thématiques. «Parmi les 70 à 100 initiatives présentées, entre 20 et 30 plans d'action ont émergé», décrit Raphaël Canet. Plusieurs journées d'action ont été fixées pour l'année qui vient, dans un agenda publié dans les jours à venir. Des actions menées sur des questions très variées comme la protection des services publics, la lutte contre les paradis fiscaux, ou encore la promotion d'un salaire minimum de 15 dollars par heure aux Etats-Unis et au Québec.
Plusieurs organisations se sont aussi mises d'accord sur une série d'actions en marge de la COP 22 qui se tiendra à Marrakech, au Maroc, du 7 au 18 novembre, afin de pousser les Etats et les grandes entreprises présentes à poursuivre leurs engagements pris lors de la COP 21 de Paris. Autre moment clé de l'agenda altermondialiste international, le tribunal citoyen Monsanto organisé du 14 au 16 octobre à La Haye, aux Pays-Bas. Il vise à mettre la multinationale agro-alimentaire américaine fasse à ses responsabilités sociales, économiques et environnementales, même si celle-ci n'a pas répondu à leur invitation.
Une chose reste certaine alors que cette 12e édition du Forum social mondial se termine : «Le Canada n'est pas près d'accueillir de nouveau l'événement», comme le reconnaît même Carminda Mac Lorin.