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Libération

Tino Sehgal au Palais de Tokyo/ L’expo barrée

publié le 30 décembre 2016 à 17h06

Par quoi commencer ? Cet enfant qui vous prenait par la main pour vous demander ce qu'est le progrès ? L'entrée dans une pièce plongée dans le noir, où l'on distinguait peu à peu des formes dansantes et chantantes ? Ou ces inconnus qui se présentaient pour des confessions intimes et disparaissaient aussitôt ? La «carte blanche» donnée à l'artiste Tino Sehgal par le Palais de Tokyo, à Paris, fut sans conteste l'expo la plus barrée de l'année. Les 13 000 m2 du centre d'art avaient été vidés - seules quelques œuvres de Daniel Buren, James Coleman ou Felix Gonzáles-Torres émaillaient le parcours - pour faire place à des «situations». Soit des performances réalisées par quelque 300 volontaires, et scriptées par l'artiste pour susciter des échanges, aussi précieux que fugaces et dont il ne restera rien sinon le plus important : qu'ils ont existé. Venant gratter les vulnérabilités de chacun, et fouiller les profondeurs de notre ouverture à l'autre ou notre paranoïa, les pièces de Sehgal auront fait naître toute une série d'interrogations plus ou moins angoissées, voire des réactions de rejet. L'expo en aura dérouté quelques-uns. Elle aura enthousiasmé les autres, repartis avec un chapelet d'épiphanies à égrener longtemps après avoir quitté l'expo.