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Libération

Palmarès Le «Faust» en cage allemand couvert d’or

publié le 14 mai 2017 à 19h46

Si tous les pronostics ainsi que la longue queue des journalistes et VIP trépignant devant le pavillon allemand la donnaient gagnante, à raison, dès le premier jour, c’est que l’artiste qui y sévit, Anne Imhof, offre avec son installation performée un spectacle d’une froide et crue intensité : une claque. Séparés des spectateurs par un dispositif vitré, espèce de cage ou de vivarium surélevé, les danseurs, impassibles, teints livides, vêtus de noir, se meuvent partout autour de nous, rampant même au sol sous nos pieds. A force, on ne sait trop qui observe, qui est le captif de l’autre, qui sont les geôliers et les prisonniers, où est l’issue et de quoi il s’agit de se dépêtrer. Ce «Faust» donné live (pendant quatre heures et deux fois par jour) clame brutalement l’impossibilité d’habiter encore un monde exsangue. Imhof a 38 ans, c’est précoce pour un lion d’or

Sans la même force de frappe, mais peu de pavillons en avaient cette année - mis à part le suisse avec la docu-fiction Flora, retraçant le destin de l'amante de Giacometti, ou bien les sculptures rocambolesques de l'Anglaise Phyllida Barlow, voire les panneaux translucides du Portugais José Pedro Croft, redessinant le paysage -, Cinthia Marcelle reçoit une mention spéciale pour le pavillon brésilien dont elle incline le sol et le caillasse, avec en arrière-plan une vidéo urbaine, un tantinet prévisible. A l'inverse de la très discrète pièce sonore qui résonne dans les jardins de l'Arsenale, et qui vaut à son auteur, l'Egyptien Hassan Khan, le lion d'argent du meilleur jeune artiste. Lion d'or pour sa contribution au pavillon international «Viva arte viva», l'Allemand Franz Erhard Walther (né en 1939) présentait des sculptures en textile englobant le corps du spectateur. Enfin, Charles Atlas (né en 1949), auteur d'une vidéo qui met en scène une drag queen new-yorkaise et abuse des effets spéciaux artisanaux, hérite d'un prix spécial, de même que le Kosovar Petrit Halilaj, 31 ans, pour ses œuvres enchanteresses et graciles tissant l'histoire de son pays et ses souvenirs d'enfance. Un travail dont la légèreté émue reflète au mieux l'esprit de l'exposition internationale.