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Libération

Le bestiaire César d’horreur

publié le 7 janvier 2018 à 18h06

Un haut-le-cœur saisit à l'entrée. Comme devant une décharge de ferraille rouillée à ciel ouvert. Les premières œuvres du sculpteur - il serait devenu «artiste», selon lui, en inventant le geste de la compression -, surnagent dans un océan de tourbe métallique. Dès le début, on tombe nez à nez avec des pièces saisissantes : le Poisson (1954), tout en débris soudés, et plus loin une effrayante Chauve-Souris (1954), en dentelle de fer forgé, palme de la sculpture terrorisante. Un scorpion et une sauterelle, du même acabit, évoquent la faune méditerranéenne. Ce flippant bestiaire de la première heure n'est pas sans évoquer le travail d'Alberto Giacometti : en 1946, César loge un temps au-dessus de chez le sculpteur suisse. «Comment travailler la pierre quand on ne peut pas en acheter ? […] Même acheter un sac de plâtre, c'était pour moi tout un problème. Au contraire, le fer, on peut en trouver partout, à l'état de déchet, et presque pour rien», confiait-il en rappelant ses origines modestes. L'étudiant attardé des Beaux-Arts de Paris - César y reste treize ans pour le logement et les Tickets restaurant - puise sa matière première dans les rebuts. En 1954, il s'installe dans une usine de Villetaneuse où il travaille à partir de déchets ferreux destinés à la refonte, matériau pas cher et abondant.