Il n'est pas très intéressant de se demander si l'un (John Chamberlain) a influencé l'autre (César), ou vice versa. L'Americain a commencé à assembler des débris de voitures en 1959, et le Français a exposé ses premières balles de voitures compressées, trouvées chez un ferrailleur de Gennevilliers, en 1960. Mais la méthode ne fut pas la même, le résultat non plus. César n'est pas tant un coloriste qu'un commentateur de (et participant à) la société industrielle de consommation, même si le plaisir qu'on trouve à regarder les compressions, qu'elles soient de voiture ou d'autre chose, tient à leur qualité physique, à l'impression qu'on pourrait malaxer leur tôle, aux pliures qui gardent mémoire de la technique. On ressent ce même plaisir face aux Enveloppages des années 70, des feuilles de Plexiglas ramollies par une étuve pour avaler des objets désormais inutiles et aphones - machine à écrire Underwood, ventilateur rétro…
C’est dans un documentaire que le Français aurait découvert l’existence de presses hydrauliques capables de compresser des voitures aux Etats-Unis ; il exposera d’abord des balles choisies par ses soins avant de se mettre à diriger la main de la machine. Pour ceux qui aimaient le César traditionnel des débuts - sa dextérité, la filiation avec Julio González et Germaine Richier - ce fut un choc. L’alignement des plus grandes compressions le long de la vitre, face à Paris, les transforme en petits totems d’une modernité dépassée.