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Libération
Le Libé des photographes

«La science-fiction nous inspire beaucoup»

«Purgatoire crypté», de Christto Sanz et Andrew Weir, est en lice pour le nouveau prix découverte.
«Digital Clone» (Pre Colonial Fiction), 2018. (Photo Christto Andrew. Courtesy Metronom)
publié le 6 juillet 2018 à 17h56

Le duo Christto Sanz et Andrew Weir, portoricain et sud-africain, est déjà apparu sur les radars européens dans le magazine FOAM d'Amsterdam. Basés au Qatar, ils y produisent en studio leurs étranges images, des mises en scène hyper léchées, inquiétantes et satiriques, façon pubs dopées aux OGM. Pour leur première participation aux Rencontres d'Arles, ils présentent «Purgatoire crypté», un ensemble d'images symboliques et désenchantées, coincées entre anticipation grotesque et parodie techno hallucinée.

Comment abordez-vous l’humanité augmentée ?

Dans notre nouveau projet, nous nous concentrons sur la fiction qui infiltre le monde. Le plus important à nos yeux, c’est la réalité, et le jeu que l’on peut avoir avec la construction des images. Nous nous sommes beaucoup inspirés de films de science-fiction. Et nous en concluons que nos sociétés construisent leurs propres fictions. Notamment celle qui véhicule l’idée que, un jour, humain et technologie ne feront qu’un.

Les clones, les cyborgs sont vos nouveaux personnages ?

Une image clé de cette nouvelle série est Encrypted Purgatory, suggérée par le livre de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Elle montre un mouton en taxidermie enchaîné avec des crânes et interroge la notion de simulacre. Les chaînes symbolisent notre assujettissement aux systèmes de croyance et aux systèmes de contrôle qui vont avec. Nous avons aussi photographié un gâteau d'anniversaire pour un centenaire : il parle de l'immortalité physique grâce à la technologie. Dans nos images, nous mélangeons exprès horreur et beauté, technologie et destruction, malaise et clinquant.

En quoi vivre au Qatar influence vos photos ?

Vivre au Qatar, c’est comme vivre dans un film de science-fiction. Je ne dirais pas que tout est artificiel ici, mais peu de choses ont l’air vraies. Dans ce pays jeune et sans histoire, tout est mis en scène pour capter l’attention médiatique et montrer le pays sous son aspect futuriste. C’est pourquoi nous travaillons essentiellement sur la superficialité et l’ambiguïté entre le vrai et le faux. Et aussi sur la façon dont le pouvoir prend le contrôle de ces artifices.